dimanche 8 septembre 2019


Est-ce que vous connaissez les lézards anolis ?

J'ai regardé un documentaire sur ces petits lézards récemment (le lien vers le documentaire est en bas de l'article), et j'avais envie de partager mon étonnement.

Description du documentaire
Le documentaire est présenté par Neil Losin et Nathan "Neight" Dappen, biologistes et réalisateurs de documentaires, avec la participation de Jonathan Losos de l'Université d'Harvard, spécialiste incontesté des anolis.
Les lézards anolis sont une famille de lézards, qui regroupe environ 400 espèces, et qui vivent dans la Mer du Golfe, une zone qui comprend les Caraïbes et Miami.
Ils ressemblent aux petits lézards de nos jardins puisqu'ils ont la même taille, une forme similaire et une couleur ordinaire, à quelques petits détails près.
Première particularité, ces lézards ont des pattes comparables à celles des gecko, avec des petits poils sous les pattes (les cetae) qui leur permet de grimper sur les surfaces lisses comme les feuilles.
Une patte de gecko vue de dessous. Les cetae, les "empreintes digitales" du lézard, lui permettent de grimper aux surfaces lisses.
Autre particularité, ces petites créatures ont une membrane sous la gorge qu'ils peuvent déployer comme une crête pour séduire les femelles et défendre leur territoire contre les mâles envahissants.
Un lézard anolis vert posé sur une branche, avec sa crête de gorge déployée (en rose).
Leur régime alimentaire est assez simple, ces petits carnivores mangent tout ce qui entre dans leur bouche, à savoir des insectes, des araignées, des lézards et parfois d'autres anolis.

Pour la forme et la couleur, c'est un peu plus complexe : pour chaque espèce, la forme et la couleur est différente selon l'environnement :
- Sur les troncs d'arbres : couleur brune, longues pattes ;
- Dans l'herbe : rayures blanches et brunes, longue queue ;
- Dans les feuillages : couleur verte, pattes courtes ;
- Sur les branches fines : couleur brune, pattes courtes, queue courte.
Un mot a été inventé pour décrire cette variété liée à l'environnement : on parle d'écomorphe.

D'accord, mais où est la surprise ? L'émerveillement ? Doucement, j'y arrive.
Dans les petites îles des Caraïbes, on trouve une multitude d'espèces d'anolis, mais les lézards d'îles différentes ont toujours la même forme s'ils vivent au même endroit.
Soyons clairs, ce sont des espèces différentes qui ont une apparence similaire.

Les chercheurs ont pu déterminer que chaque caractéristique d'un écomorphe donne un avantage au lézard : des pattes plus longues permettent de courir plus vite ou sauter plus loin, des pattes courtes permettent d'agripper des brindilles facilement.
Ces animaux ont donc adopté des solutions similaires pour s'adapter aux mêmes conditions de vie, on parle donc de convergence évolutive.

La surprise arrive quand on s'intéresse à l'histoire évolutive de ces créatures. En effet, comment se fait-il que ces lézards soient aussi semblables alors qu'ils sont situés sur des îles différentes, sans aucun contact possible ?
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont prélevé des échantillons d'ADN sur des lézards de chaque écomorphe sur un grand nombre d'iles de l'archipel. L'objectif était d'évaluer la distance génétique entre les différents groupes d'anolis pour construire ensuite un arbre phylogénétique qui montrerait les liens de parenté entre les groupes de lézards.

Un exemple d'arbre phylogénétique. On compare des caractères sur différentes espèces, et on les relie en fonction du nombre de points communs trouvés : plus il y a de points communs, plus les espèces sont proches dans l'arbre. D'ailleurs, suivant les caractères sélectionnés, l'Homme n'est pas forcément représenté en haut de l'arbre.
Les résultats indiquent quelque chose d'étonnant : les anolis ont d'abord colonisé les îles de l'archipel, avant d'évoluer et donner des espèces d'apparence similaire sur chaque île.
Ce qui est surprenant, c'est que vu la complexité de la nature et l'influence du hasard dans l'évolution, personne n'aurait pensé que plusieurs espèces évolueraient de la même façon, même pour répondre à des contraintes similaires.

Une autre question a été posée : les lézards sont-ils gênés par la présence humaine ? Comment s'en sortent-ils en milieu urbain ?
Pour y répondre, des lézards anolis ont été capturés à Miami et leurs caractéristiques ont été comparées à celles des lézards des forêts.
Ils ont découvert que les lézards des villes ont des cetae (leur surface adhérente sous les pattes) plus grandes, ce qui leur permet de s'accrocher à des surfaces très lisses, comme les lampadaires.
Ils sont aussi capables de supporter une chaleur de 1 °C plus importante. Ce n'est pas beaucoup, mais grâce à cette résistance, ils peuvent continuer à se nourrir, défendre leur territoire ou se reproduire là où d'autres seraient paralysés par la chaleur.

Mon avis
La première chose que j'ai remarqué dans ce documentaire, c'est que ces lézards ont une crête SOUS leur tête. Il paraît que ce n'est pas si extraordinaire. Vraiment ?
C'est un iguane. Et il a une crête. Sur la gorge.
Ensuite, je reste émerveillé par le fait que des espèces différentes deviennent physiquement proches lorsqu'elles sont soumises aux mêmes conditions : on peut citer le dingo, un marsupial (donc un proche parent du kangourou) qui ressemble énormément à un chien.
Des dingos jouent avec un chien.
L'évolution a doté les ptérodactyles, les oiseaux et les chauve-souris d'ailes dont la structure est proche, adaptée au vol battu. Ici, un schéma du squelette des ailes de ces animaux.

L'originalité ici c'est que la convergence ne vient pas d'une espèce qui devient une copie d'une autre espèce, mais d'une même espèce qui évolue de la même manière de façon indépendante.

Enfin, j'aime le fait qu'ils parlent de l'adaptation du lézard à la vie urbaine, de plus en plus d'espèces y sont confrontées et je ne suis pas sûr qu'elles s'adaptent toutes aussi bien que nos lézards anolis.

Conclusion
J'ai tendance à penser que "la nature a plus d'imagination que vous". Dans ce contexte, j'aimerais ajouter "dans la limite des stocks disponibles".

Pour aller plus loin
La pollution ne se limite pas à l'émission de CO2, elle peut être sonore, lumineuse, chimique... Voilà de quoi vous renseigner :
- Pollution sonore:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pollution_sonore
http://risquesenvironnementaux-collectivites.oree.org/le-guide/risques-mon-territoire/sante-environnement/pollution-sonore.html

- Pollution lumineuse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pollution_lumineuse
https://www.avex-asso.org/dossiers/wordpress/fr_FR/la-pollution-lumineuse-light-pollution/cartes-de-pollution-europeenne-avex-2016
http://risquesenvironnementaux-collectivites.oree.org/le-guide/risques-mon-territoire/sante-environnement/pollution-lumineuse.html



Sources
1. Vidéos YouTube
 Documentaire sur les anolis:



2. Sites Internet
Convergence évolutive
https://fr.wikipedia.org/wiki/Convergence_%C3%A9volutive
https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/biologie-evolution-convergente-5897/

Définition d'écomorphe
http://dico-sciences-animales.cirad.fr/liste-mots.php?fiche=32317&def=%C3%A9comorphe

3. Images
Image de pattes de gecko
https://fr.cdn.v5.futura-sciences.com/builds/images/thumbs/9/9cc9b31738_546px-Tokay_foot-by-David_Clements.jpg?v5

Image d'anolis vert
http://www.anoleannals.org/wp-content/uploads/2013/06/DSC_0038-modified2.jpg

Arbre phylogénétique
https://static1.assistancescolaire.com/t/images/t_trde10ci01z.jpg

Image d'iguane
http://worldofreptile.com/wp-content/uploads/2017/01/iguane-vert.jpg

Image de dingo
http://australiangeographic.com.au/wp-content/uploads/2018/06/JE20160814652.jpg

Schéma du squelette d'ailes
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/38/Homology.jpg/220px-Homology.jpg

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